2.5 - Identification des risques et opportunités de transition

Quels sont les risques et les opportunités pour l'organisation ?

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La transition bas carbone de notre société et le réchauffement climatique sont à la fois une source de risques et d'opportunités pour les organisations. Il est donc nécessaire d'intégrer ces notions au sein des stratégies de transition bas carbone. Par exemple, les émissions de GES sont à la fois un risque (dépendance énergétique, impact fort des nouvelles taxes carbone, vulnérabilité aux changements de réglementation, risque juridique et de réputation) et une opportunité (meilleure résilience de l'activité, augmentation des investissements vers les solutions moins émissives et plus économes, position de leadership d’un secteur d’activité en matière d’innovations, gain de réputation suite à la mise en place d’actions de réduction, etc.).

Les risques et les opportunités liés au changement climatique ont été catégorisés et doivent à terme faire l'objet d'une analyse par l'organisation. Les exigences vis-à-vis de cette analyse se déclinent en fonction du niveau de maturité de l'organisation.

Les risques liés au changement climatique se subdivisent en deux grandes catégories :

  • Les risques de transition, qui sont liés à des évolutions de nos sociétés et des modèles économiques

  • Les risques physiques, qui sont directement liés à la modification du climat et aux conséquences engendrées par celle-ci

Il est important de ne pas perdre de vue que même si la prise en compte des risques et l'adaptation à ceux-ci peut-être difficile et coûteuse pour l'organisation, ne pas agir pourrait se révéler dramatique pour celle-ci.

Risques de transition

Les risques de transition sont répartis en plusieurs catégories :

  • Les risques réglementaires, qui peuvent notamment être liés à une augmentation de la taxe carbone, à des obligations de reporting plus importantes ou à des législations sur certains produits, services ou activités l'organisation (exemple de la taxonomie européenne, de la CSRD ou du MACF).

  • Les risques d'image et de réputation, qui peuvent notamment être liés à des changements de comportement chez les usagers, adhérents ou clients de l'organisation, à des inquiétudes de la part des investisseurs dans le cas d'une entreprise ou à des stigmatisations notamment dans les médias du secteur d'activité de l'organisation. On y trouve également les attaques en justice en lien avec l'inaction climatique. Ces risques d'image et de réputation peuvent également avoir des conséquences sur la capacité de l'organisation à recruter des collaborateur.ices.

  • Les risques de marché et de technologie, liés à l'incertitude des prix des matières premières et de l'énergie sur les marchés ou à la concurrence venant d'autres organisations proposant des produits et services moins carbonés.

Les risques économiques sont transversaux. Les coûts de l'inaction sont intrinsèquement liés aux conséquences des autres catégories de risques.

Des exemples sont disponibles en annexe.

Risques physiques

Les risques physiques sont répartis en plusieurs catégories :

  • Les risques liés à des catastrophes naturelles et événements climatiques extrêmes devenant de plus en plus fréquents et/ou intenses. Ceux-ci peuvent perturber l'activité ou mettre en danger les biens et les collaborateurs de l'organisation. Par exemple, des catastrophes naturelles peuvent mener à une coupure locale du réseau électrique.

  • Les risques liés aux changements progressifs du climat, comme la hausse de la température moyenne, l'augmentation du niveau des mers, la modification de la fréquence et/ou de l'intensité des pluies, selon les zones où se déploient les activités de l'organisation. Ces risques peuvent avoir une incidence sur les collaborateurs de l'organisation et sur certains de ses biens selon son secteur d'activité. Par exemple, des épisodes de fortes chaleurs plus fréquents et plus intenses peuvent mener à un absentéisme plus conséquent au sein de l'organisation. Si l'organisation utilise des matières premières agricoles, celles-ci pourraient se raréfier si la ressource en eau venait à manquer, etc.

Les risques physiques explicitent les conséquences de ces deux premières catégories de risques physiques (évènement extrêmes ou changements progressifs), telles que les risques de rupture des approvisionnements, de rupture des liaisons, de blocage des moyens de transport, risques sanitaires ou géopolitiques, etc.

Des exemples sont disponibles en annexe.

Opportunités de transition

Les opportunités qui assurent à l'organisation une place dans le monde bas carbone de demain sont de plusieurs types :

  • Réduction de la consommation de ressources : l'organisation tire profit de cette réduction, que ce soit sous la forme d'une réduction des coûts, d'une augmentation de la production des biens ou services, etc. L'organisation maintient son accès à ces ressources dans le cas où celles-ci se raréfient.

  • Réduction des émissions de GES : l'organisation se prémunit vis-à-vis des changements de prix des énergies fossiles, de l'impact de futures réglementations et participe potentiellement à des marchés carbone.

  • Développement de nouveaux produits et services et innovations : l'organisation gagne l'accès à de nouveaux marchés, de nouveaux publics, renforce sa place ou devient leader du marché.

  • Incitation réglementaires et financières : L'organisation peut obtenir des accès à des financements publics, des subventions conditionnés ou des financements privés ciblant les activités à moindre impact environnemental

  • Communication et image : l'organisation communique sur ses actions en rapport avec l'énergie, le climat, ou sa résilience, et améliore son image publique.

  • Adaptation : En s'adaptant au changement climatique, l'organisation réduit également sa vulnérabilité à d'autres aléas.

Des exemples sont disponibles en annexe.

Exigences relatives à l'identification des risques et opportunités

Voici différentes exigences à atteindre en termes d'identification des risques et opportunités de transition pour chacun des 3 niveaux de maturité.

Niveau Initial : critère G1

Une identification rapide des risques dans le cadre de la mobilisation

L'organisation liste les différents risques (physiques et de transition) et les impacts que ceux-ci pourraient avoir. L'organisation présente également les opportunités et co-bénéfices potentiels de la démarche.

L'organisation peut s'appuyer en annexe sur une liste des potentiels risques physiques et de transition.

Dans le cadre de la mobilisation, un temps de débat et d'échange sur ces risques et leur pertinence au sein de l'organisation peut être organisé.

Niveau Standard : critère G2

La cartographie des flux intègre les risques pertinents pour l'organisation

L'organisation réalise une cartographie des différents risques pertinents dans son cas et leurs impacts. Les risques internes à l'organisation et sur l'ensemble de la chaîne de valeur doivent être considérés. L'organisation reporte ensuite l'ensemble de ces risques sur la cartographie des flux, afin de faire apparaître les vulnérabilités auxquelles elle est soumise.

L'organisation peut s'appuyer en annexe sur :

  • une liste des potentiels risques physiques et de transition

  • sur une matrice d'analyse des risques visant à considérer les risques qui sont spécifiques aux activités de l'organisation

  • sur un simulateur de vulnérabilités économiques.

Pour reporter ces conclusions, la même représentation peut être utilisée pour la cartographie des risques et la cartographie des sources d'émissions. Ainsi, l'organisation problématise et vulnérabilise les flux qui gravitent autour de ses activités.

En conséquence, le plan de transition de l'organisation prend en compte ces vulnérabilités en intégrant plusieurs actions d'adaptation au changement climatique.

Niveau Avancé : critère G3

Une analyse des risques complète est effectuée et fait partie intégrante des processus de décision de l'organisation

Ce niveau de maturité implique que l'organisation raisonne en double matérialité (mesurer l'impact d'une organisation sur l'environnement, et l'incidence de la dégradation de l’environnement sur cette même organisation).

L'organisation réalise ou a réalisé (dans le cadre de la démarche Bilan Carbone®, ou dans le cadre d'une démarche complémentaire, potentiellement préexistante) une analyse exhaustive des risques et opportunités liés au changement climatique, dont les résultats sont joints au Bilan Carbone®. Cette analyse doit dater de moins de 10 ans. Les risques et opportunités doivent être considérés de manière interne à l'organisation et sur l'ensemble de la chaîne de valeur.

Pour cela six étapes peuvent être suivies :

Étape 1 : Analyse de l’exposition et de la sensibilité passée de l’organisation aux différents risques physiques et de transition. Par exemple, étude de l’évolution passée du coût de l’énergie pour l’organisation, de l'évolution de l'image publique du secteur de l'organisation, des investissements liés à la thématique énergie-climat, et de tout autre élément pertinent dans ce cadre pour l’organisation.

Étape 2 : Évaluation de l’exposition présente et future (court, moyen et long terme) de l’organisation aux risques de transition. L'organisation doit a minima étudier différents scénarios d’évolution du prix de l’énergie, d'évolution des réglementations (taxe carbone, régulation de produits et de services), d’évolution des exigences des différentes parties prenantes de l’organisation (santé, environnement, engagement sociétal, etc.), d'évolution des technologies (bas carbone, etc.). Les scénarios étudiés doivent inclure des hypothèses dans lesquelles le réchauffement climatique est maintenu à 1,5°C dans le cadre de l'Accord de Paris car les risques de transition seront plus élevés dans ce cas.

Étape 3 : Évaluation de l'exposition présente et future (court, moyen et long terme) de l’organisation aux risques physiques. L'organisation doit a minima étudier différents scénarios d'évolution des événements climatiques extrêmes et des évolutions progressives du climat. Les scénarios étudiés doivent inclure des hypothèses à haut réchauffement (scénario « business as usual ») car les risques physiques seront plus intenses et fréquents dans ce cas.

Étape 4 : Hiérarchisation et récapitulation de ces différents risques. Qualification et quantification des effets que ces risques peuvent avoir sur l'organisation et sa chaîne de valeur. L'organisation peut s'appuyer en annexe sur une liste des potentiels risques physiques et de transition, sur une matrice d'analyse des risques et sur un simulateur de vulnérabilités économiques.

Étape 5 : Évaluation des opportunités présentes et futures de l'organisation en lien avec les enjeux climatiques.

Étape 6 : Rédaction d'un rapport rendant compte des différentes analyses effectuées par l'organisation. De plus, l'organisation peut cartographie les risques de la même manière que la cartographie des sources d'émissions. Ainsi, l'organisation problématise et vulnérabilise les flux qui gravitent autour de ses activités.

L'organisation intègre ensuite cette analyse des risques et des opportunités à son analyse stratégique. Les décisions prises par l'organisation se doivent de prendre systématiquement en considération cette analyse des risques et opportunités. Le plan de transition doit intégrer des objectifs d'adaptation, et de multiples actions d'adaptation au changement climatique, afin de limiter la probabilité et les impacts des risques physiques et de transition, et de saisir les différentes opportunités qui se présentent.

ℹ️ Au vu des méthodes existantes, et dans le cadre du Bilan Carbone®, il est possible d'avoir une analyse plus poussée sur les risques physiques que sur les risques de transition, néanmoins cette dernière doit exister, a minima qualitativement. Il est possible d'avoir une analyse des risques physiques plus poussée à l'échelle d'un site (considéré comme vital et représentatif). Néanmoins dans le cadre d'un reporting CSRD, cette analyse doit être étendue à l'ensemble des sites.

🔎 Les exigences du Bilan Carbone® de Niveau Avancé concernant les risques et opportunités sont alignées avec les Recommendations of the Task Force on Climate-related Financial Disclosures (TCFD), et permettent de répondre à plusieurs DR de la Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD).

🔎 L'organisation peut s'appuyer sur le guide méthodologique OCARA.


Vous avez une question de compréhension ? Consultez la FAQ. La méthode est vivante et donc susceptible d'évoluer (précisions, compléments) : retrouvez le suivi des modifications ici.

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